Un événement international majeur
Colloque de la MAIF
29 novembre 2006

Paris, Maison de la Mutualité

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Une rencontre de tous les possibles


 

 

 

 

 

 


En Août 2006 à New York, le Comité de coordination des travaux préparatoires de la Convention internationale pour la promotion des droits des personnes handicapées a finalisé son projet pour le présenter à l’Assemblée Générale des Nations unies, en Décembre 2006. Depuis, le texte a été voté par l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 13 Décembre 2006, et signé par 44 Etats Membres le 30 mars 2007.

C’est un événement majeur car pour nous, personnes concernées, les discriminations dont nous pouvons être victimes à chaque coin de rue relèvent maintenant des Droits de l’Homme, qu’ il ne s’agit plus de seulement vouloir nous « réparer » ou nous « rééduquer » mais d’accorder à tous les droits de tous … Et j’ajoute, quelles que soient ses capacités ou ses « autres capacités ».
 
Cette discussion aux Nations unies est la reconnaissance, au plus haut niveau, de l’effectivité de nos droits et de l’obligation faite aux Etats de les respecter au titre des Droits de l’Homme. Cela signifie que lorsque ce texte sera entré en application, les situations inacceptables que beaucoup trop d’entres-nous vivent encore pourrons faire l’objet d’une plainte au titre de la violation des Droits de l’Homme.

C’est une victoire car il n’y a pas encore si longtemps, et c’est toujours le cas dans certains pays, nous étions et sommes encore parfois considérés comme des déviants qu’il faut soigner, réparer, enfermer, séparer … en tout cas mettre à part. C’est ce que nous refusons. Nous estimons que nous avons, au contraire, des spécificités susceptibles d’apporter un enrichissement global. Par exemple en développant des capacités alternatives pour faire face à une paraplégie et apprendre à se déplacer, en fauteuil roulant, et pour d’autres à parler avec les mains parce que l’information sonore leur fait défaut, à lire avec les doigts plutôt qu’avec les yeux, etc…

Nous, personne parfois dites « diminuées », avons développé d’autres capacités et sommes finalement plus riches que ceux qui nous étiquettent, mais surtout ces nouveaux potentiels que nous avons appris à maîtriser, si nous en sommes les premiers experts, il est de l’intérêt de tout à chacun de mieux en connaître les potentiels pour mieux les faire siens.

Ces autres capacités, que je nomme plus volontiers ressources alternatives, sont des exemples de potentiels humains susceptibles d’être développés par tous. Nos expériences de vie constituent en ce sens des exemples pour tous, et en particulier pour les enfants ; parce qu’elles montrent ce qu’il est possible de faire avec ce que l’on est : Grand, petit, maigre, gros, intelligent, ouvert, introverti, debout ou assis … C’est le message fort de nos expériences, chacun peut se développer quelles que soient ses capacités, et nous, personnes autrement capables en sommes l’exemple vivant. Notre expérience constitue en cela un support d’enseignements tout aussi riches que variés et éprouvés.

La Convention internationale pour la promotion des droits des personnes handicapées est le résultat de 2 ans de discussions et d’une mobilisation des représentants des sociétés civiles et politiques de nombreux pays. Le dernier jour, les participants ont longuement débattu à propos de la définition du handicap … et la retranscription des débats a clairement fait apparaître que chacun portait en lui ses propres représentations et définitions. C’est en partie pourquoi je refuse dorénavant d’avoir à définir des personnes ou un groupe de personnes en fonction de l’état de leurs capacités. Ce sont des citoyens qui connaissent un état de capacités différent de la norme, comme cela arrivera à chacun d’entre nous un jour. Nous allons tous vieillir, risquons d’être accidentés … Nous sommes à peu près certain de tous connaître un jour une situation que l’on qualifie aujourd’hui « de handicap », et que l’on peut nommer plus justement une situation de gêne, de discrimination, d’empêchement, de limitation ou de restriction des capacités de fonctionnement. Il ne s’agit donc pas seulement d’améliorer nos conditions de vie, à nous citoyens discriminés ou désavantagés du fait de nos capacités, mais aussi celles de toutes les personnes qui vivent à nos côtés.

Nous avons gagné cette reconnaissance, la question de la vie autonome concerne désormais tout le monde et pas seulement les médecins, les rééducateurs ou les éducateurs. Cette victoire ne doit pourtant pas nous inciter à autre chose qu’à la modestie et à la persévérance. Un long travail reste à accomplir.

Que ce soit en matière d’inclusion scolaire ou d’égalité face à l’emploi, nous aurons tous à surmonter de nombreuses difficultés pour apprendre à vivre ensemble, et nous réussirons seulement si nous choisissons de surmonter ces épreuves ensemble.

Le temps de l’action est donc aujourd’hui venu, en n’oubliant jamais si nous en avons besoin qu’on se sent rarement mieux ensemble que lorsqu’on transpire ensemble, dans un effort commun, que l’aventure est passionnante et nous avons tout et tous à y gagner.
 

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