Guerre et reconstruction

 

Lors de mon premier voyage en 1990, quelques semaines avant le dernier assaut de la guerre, les barrages se succédaient sur les routes, les coupures d'électricité étaient continuelles et aucun service public ne fonctionnait. Le centre de Beyrouth m'était apparu comme une ville fantôme dans laquelle soufflait un vent d'apocalypse, les détritus bordaient les routes à la ville comme à la campagne, le miliciens en armes humiliaient sans cesse la population et les spasmes hystériques de quelques combats pas si lointains m'avaient quelque peu glacés l'âme. Livrés aux pouvoirs féodaux des milices et au désordre, les libanais rencontrés alors m'avaient pourtant exprimés une telle volonté de résistance et un si grand attachement à leur pays, que nos petites misères occidentales me parurent d'un coup bien mesquines. Très marqué par les conditions de vie effroyables que j'avais découvert, je n'en étais pas moins revenu avec un étrange attachement pour ceux que j'y avais rencontré et pour ce pays qu'ils ne voulaient pas quitter.

Hormis le sud du pays où l'occupation israélienne est encore porteuse de quelques tensions, le Liban est maintenant en état de reconstruction et s'est transformé d'une façon étonnante en un vaste chantier. Lors d'un récent passage en Avril dernier, j'ai eu l'occasion de constater que la folie destructrice s'était transformée en frénésie constructrice. Les rues de Beyrouth sont propres, les miliciens se sont transformés en de simples et rassurants agents de police, d'imposants et de luxueux immeubles neufs sortent de terre et, partout, des hommes et des femmes maçonnent, consolident, restaurent, commercent et s'activent. Les investisseurs d'occident ou des pays du Golfe affluent, le réseau téléphonique est entièrement en cours de modernisation, une centrale électrique est en construction, un système de santé est à l'étude et le projet de reconstruction du centre de Beyrouth qu'a proposé l'actuel président est à la démesure de la fierté et du génie libanais. Il ne fait pas de doute que Beyrouth est amené à reprendre son statut d'antan et redeviendra la "Suisse du Moyen Orient", que le Liban sera de nouveau comparé à ce qu'il n'a jamais cessé d'être dans le coeur de ses habitants : Au "Paradis".

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