Aux portes de l'Orient

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A la suite des différentes opérations de coopération établies entre le GIHP et l'association des Amis des Handicapés du Liban (AAHL), et sur une initiative de l'A.A.H.L, un groupe de sept personnes s'est rendu au Liban du 09 au 22 Août 1991 pour un séjour touristique d'une durée de 14 jours. L'organisation et la coordination de ce projet ont été assurés par Mr Fadi HAJAR, correspondant de l'A.A.H.L. à Paris, Mr Nabil ABED, directeur de l'A.A.H.L. à TRIPOLI et Jean-Luc SIMON pour le GIHP. Le groupe touristique réunissait six personnes, dont trois personnes handicapées se déplaçant en fauteuil roulant (deux personnes paraplégiques de 29 et 33 ans et une jeune femme de 33 ans atteinte de myopathie et nécessitant l'aide permanente d'une tierce personne.), et trois jeunes femmes de 22, 27 et 38 ans. Toutes ces personnes ont payé leur séjour avec un supplément demandé en cas de besoins en auxiliaire de vie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes attendus par ceux que nous avions accueilli en France six mois plus tôt, par les responsables de l'Association des Amis de personnes Handicapées du Liban (AAHL). Ce voyage fait suite aux échanges que le Groupement pour l'Insertion des personnes Handicapées Physiques (GIHP) et l'AAHL mènent depuis 1988. Tout a commencé par la visite d'une délégation libanaise ; la langue française partagée a facilité les contacts, des liens d'amitié se sont noués et des relations suivies se sont rapidement établies pour aboutir à une coopération menée tant bien que mal avec les moyens et l'énergie du bord, "à la libanaise" disons nous maintenant ! Ils nous proposent aujourd'hui un voyage "expérimental" pour découvrir ce pays et les gens qui y vivent, nous devons tirer de cette première les enseignements qui permettront de reproduire ce type d'échange.

"Vous verrez, notre pays c'est le paradis" nous ont-ils dit

Publié par le magazine Déclic N°10, Octobre 1994
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La paix est pourtant revenue sur le pays, mais un mélange d'inquiétude et d'excitation accompagne quand même tous les partants au départ car nous avons conscience d'emprunter une voie que les touristes étrangers empruntent peu depuis quinze ans. Nous sommes sept à répondre à l'invitation de l'Association des Amis des Handicapés du Liban (AAHL) : Catherine se passionne pour l'histoire et ne veut pas rater une telle occasion de découvrir Baalbek et Byblos ; Martine, infirmière, part à la recherche d'un je ne sais quoi de sa Corse natale ; Valérie et Karole se sont envolées dans l'insouciance de l'amour et de l'amitié ; Luc, vieux complice de "déglingue", rend visite à ceux qu'il a rencontré six mois plus tôt ; Fadi, correspondant de l'AAHL à Paris, est à la recherche d'un passé libanais dont il voudrait pourtant oublier les blessures ; et je répond quant à moi à l'appel d'un pays qui m'a envoûté lors d'un précédent voyage un an plus tôt. Si nous avons entendu beaucoup d'éloges sur "le plus beau pays du monde", les images d'attentats et de violences que les médias déversent dans nos mémoires depuis quinze ans sont si présentes que nous pouvons difficilement masquer la nervosité qui accompagne le départ.

L'avion qui s'élève au dessus de Paris emporte maintenant notre bande improvisée vers les portes de l'orient, enfoncés dans les sièges du Boeing après un embarquement quelques peu acrobatique, nous ne savons pas ce que nous allons trouver, nous ignorons encore que dans les prochains jours nous allons partager la chaleur d'un peuple, visiter des châteaux qui semblent tout droit sortis des nos contes d'enfance, marcher au milieu des ruines d'hier et des décombres d'aujourd'hui, flâner à l'ombre des derniers cèdres et suivre les traces d'une histoire qui, des croisées aux missions onusiennes, relie l'Orient et l'Occident en de nombreux élans de haine ou d'amour.

Atterrissage brutal.

"AAAAHHHHHHH. mais Oooouuuuiii..., Bonjour nos amis les français !", lance du fond de l'aérogare un petit homme tout rond juché sur une petit fauteuil rouge. C'est Nabil, l'organisateur du séjour et directeur de l'association, une de ces personnalités que l'on oublie pas et que Luc et moi avons rencontré en France à l'occasion de nos derniers échanges associatifs. Il prend les affaires en main et son intervention nous amène rapidement vers l'extérieur au soulagement général. La chaleur humide et l'agitation de l'aéroport ont durement éprouvé nos nerfs, Valérie et Karole ont eu très peur des militaires en armes qui scrutèrent leurs passeports, et Nabil arrive à point nommé pour résorber l'instant de panique qui marque la recherche de nos bagages. Il nous présente fièrement les personnes qui accompagnerons notre séjour avec les véhicules de l'Association : Hahmed malingre et souriant qui ne parle pas un mot de français et Isam, un géant qui nous hissera en haut de toutes les marches rencontrées durant le périple. La traversée de Beyrouth se fait sans encombre entre les ruines et les flots klaxonnant de la circulation. Quelques barrages ralentissent la circulation mais nous atteignons rapidement la partie ouest de la ville pour filer vers le nord, vers Tripoli où un appartement est mis à notre disposition pour la première semaine.

Nos hôtes sont très attentifs, mais il s'avère rapidement que les besoins en tierce personne avaient été mal évalués, notamment pour Catherine dont la tétraplégie demande un accompagnement constant. Peu de personnes tétraplégiques vivent au Liban et c'est la première fois que l'Association doit répondre à une telle situation de handicap. Les personnes qui accompagnent Catherine n'ont pas l'expérience des gestes et postures, et il faut que ce soit en son propre sein que le groupe trouve les moyens de faire face à la situation. En quelques jours la formation que Catherine donne à ces jeunes femmes sera pourtant suffisante pour qu'elles puissent assurer leur fonction comme il était convenu, mais l'interdiction faite par leurs parents de rentrer à une heure tardive empêche leur intervention pour le coucher, et quelques matinées voient aussi leur arrivé à 12 ou 14 h pour le lever. L'aide à domicile est assurée par la famille au Liban, les conditions médicales et sociales difficiles qui prévalent depuis de longues années ont été peu propices au développement d'une population lourdement handicapée et il n'existe pas ou très peu d'auxiliaire de vie formée. Les habitudes culturelles imposent à une personne ayant besoin d'une aide pour effectuer les gestes de la vie quotidienne, à n'avoir recours qu'aux seules personnes de son entourage proche, la prise en charge du membre de la famille qui est handicapé est un devoir, son handicap une honte à cacher. Heureusement, des personnes comme celles qui nous accueillent se dressent et s'organisent pour améliorer les conditions d'une vie digne pour tous, et si je reste impressionné par leur combat dans de si difficiles conditions matérielles, ils ne le sont pas moins par celui que mène Catherine pour venir les rencontrer ; ils ne savaient pas encore que l'on pouvait continuer à vivre ainsi. Après de longues discussions et de nombreuses palabres auxquelles nous assistons sans en saisir toutes les arcanes, tout est fait pour notre meilleur contentement et une solution trouvée pour chaque problème. Le programme que Nabil a mis au point est si chargé que nous n'espérons pas en faire la moitié, "Vous devez voir le Liban, il y a plein de belles choses dans notre pays" nous dit-il dit.

Un Dimanche à la campagne.

La terrasse du restaurant est à l'aplomb de la montagne et enfouie sous la végétation, toutes les tables sont occupées et les deux plus animées sont celles d'une famille qui célèbre je ne sais quel événement. Arrivés à 16 heures après une panne de véhicule en pleine montagne, nous sirotons maintenant un apéritif anisé, l'Arac, à l'ombre de la vigne vierge pendant que le tenancier et sa femme couvrent la table d'une vingtaine de plats : de la viande de mouton crue à l'huile d'olive, des purées de pois chiche et d'aubergine, un tabboulé dans lequel le persil remplace la semoule, des montagnes de légumes crus, concombres, piments et autres cucurbitacées, du citron, de la menthe et du vin libanais enivré de soleil. Les rires et les chants de la table voisine gagnent maintenant tout le restaurant, une enfant d'environ douze ans danse sur la table en accompagnant les chants de Férouz repris par toute la salle. Nous sommes invités à rejoindre les danseurs et "Ihalah" (allez), les danses se succèdent et nous entraînent dans les tourbillons de la fête jusqu'à la tombée de la nuit. Je repars repus et fatigué, comme après ces longs Dimanches de mon enfance.

Le souk de Tripoli s'ouvre à nous dans la matinée du lendemain. Au milieu des ruelles étroites et baignées de soleil, les commerçants offrent toute leur chaleur à ces nouveaux et étranges touristes, un vendeur de thé fait une démonstration de son savoir faire, un vieil homme fume le Narghilé, des enfants jouent ou travaillent et les femmes s'interpellent. Le vieux gardien des bains publics fait une démonstration de son art, en particulier de son lancer de serviette sur un fil situé à cinq mètres au dessus ! La lumière est douce, l'air est frais, le ton des pierres voûtées et la dorure des grosses lampes

irisent les faisceaux d'une lumière relaxante. Le silence et l'humidité de ces bains sont préservés par d'épais murs de pierre et il semble que rien de l'agitation citadine n'arrive jamais jusqu'ici. Le soir, nous sommes invités à un repas sur la plage, un grand barbecue servit sur la terrasse d'un des nombreux restaurants qui bordent la mer au sud de Tripoli. Le style de vie des libanais est partagé entre la mer et la montagne, et beaucoup disposent pour ce faire d'un "chalet" sur une plage de la côte ou dans les sapins d'altitude ; "chalets" qui ne sont ici que des studios empilés façon front de mer du Languedoc. Environ 200 personnes sont là pour manger et danser jusque tard dans la nuit, mais la fête est malheureusement ternie par la chute de Nabil qui se fracasse l'arrière du crâne. Tombé de son fauteuil alors qu'il tournoyait sur deux roues dans une folle démonstration de danse arabe, il passera le reste du séjour dans un service d'observation de l'Hôpital de Tripoli. Pauvre Nabil qui avait tant travaillé pour faire découvrir le Liban aux français !

Les racines du Temple.

Rassurés sur l'avenir de notre ami après une visite à l'hôpital, nous repartons pour un nouveau circuit dans la montagne. Les paysages s'offrent à nos regards comme autant de tableaux emplis de lumière, l'émerveillement est le même pour tous et plus émouvant encore pour nos accompagnateurs. Jeunes et coupés depuis si longtemps du reste de leur pays, ceux-ci découvrent en effet des régions inconnues de leur pays et les plus belles traces de leur histoire. Il va sans dire que le partage de cette expérience renforce les liens déjà forts qui me lient aux gens de ce pays. La route serpente maintenant au milieu d'alpages arides, nous venons de quitter Bcharré, la dernière ville avant les Cèdres et le domaine skiable. Situé entre deux et trois milles mètres d'altitude, cette région est un des cinq derniers sanctuaires des Cèdres du Liban. Nous montons longtemps au milieu d'un paysage lunaire semé de maigres prairies, lorsque, un tunnel de verdure au sortir d'un virage annonce enfin l'arrivée sous les arbres dont Lamartine à tant clamé la majesté ; "Ce sont les reliques des siècles et de la nature, les monuments naturels les plus célèbres de l'univers. Ils savent l'histoire mieux que l'Histoire elles même." a t-il écrit. Millénaires, ces arbres couvraient autrefois toute la montagne, ils ont donné le bois des bateaux qui ouvrirent la Méditerranée aux phéniciens dès le VIème siècle Av. J.C., et ils auraient été décimés lors de la construction du temple de Salomon. "Quoi de plus sain et de plus majestueux que ces rameaux sacrés qui ont ombragés et ombragent

encore tant de génération ?" interroge le dépliant d'une carte touristique. De la crête qui surplombe, nous sommes surpris de découvrir que cette ombre est en fait réduite à une touffe d'arbres qui paraissant bien isolée au milieu des immense prairies qui l'entourent, et le mur d'enceinte qui protège ces vestiges de la nature apparaissent comme de bien maigres remparts face à l'avancée de la steppe. Des plantations de jeunes cèdres se distinguent pourtant parmi les herbes folles, et il est permit d'imaginer la forêt s'étalant à perte de vue lorsque, dans mille ou deux milles ans, ces pousses fragiles auront puisé suffisamment à la terre et au soleil pour devenir ces monuments végétaux dont les derniers représentants survivent ici.

La nuit n'ayant qu'à peine essuyé la fatigue de cet hommage rendu aux cèdres millénaires, c'est sur la plage et le bateau d'un pécheur que nous passerons la journée du lendemain pour la sieste et le repos les pieds dans l'eau.

Les fastes et les farces de l'histoire.

C'est le château de Edhen et ses jardins orientaux d'un raffinement travaillé qui accueillent maintenant nos pas tranquilles, une scène et des gradins occupent une cour intérieure pour les concerts de l'été, et les quelques touristes qui flânent font oublier les militaires en armes qui patrouillent encore en de nombreux endroits ; ceux qui sont présents nous hisseront d'ailleurs fort aimablement au premier étage. L'architecture rappelle celle de nos châteaux forts avec cette pointe de rêve qui anime l'esprit oriental en plus ; les montants de fenêtres sont subtilement ornés de volutes discrètes, et le tracé des allées extérieures préserve le promeneur des rayons crus du soleil pour mieux le guider en de méditatives flâneries au gré des patios et des jardinets. Proche du ciel, l'ensemble est organisé par de savants calculs dans lesquels la position des étoiles prend une place organisatrice. La voûte céleste est intégrée comme un élément d'architecture et brode de merveilleux baldaquins nocturnes aux jardins lorsque, à la nuit tombée, les milliers d'étoiles se détachent du noir de l'infini en une pluie scintillante. Les traces de nos lointains ascendants francs sont encore présentes dans les pierres comme dans les coeurs, et il est vrai que la rencontre de l'imaginaire développé ici par la proximité du ciel, est riche en enseignement pour tous lorsqu'il rencontre l'esprit scientiste de notre attachement à la terre. Quelques kilomètres plus loin, sans quitter la vallée plantée de chênes verts et d'oliviers qui sert d'écrin à ce Château, un étrange Facteur Cheval nous ouvre

les portes de son monde merveilleux. Planté sur trois étages à flan de falaise, un château y est son oeuvre et des marionnettes sa vie. Le Dr Moussa a travaillé plus de vingt ans pour construire cet imposant édifice pierre par pierre. Dans l'intérieur sombre de sa construction, il a reconstitué une multitude de scènette qui racontent son histoire et celle du Liban traditionnel et au milieu desquelles le visiteur parcourt un étonnant circuit. Un mécanisme digne des plus folles inventions du professeur Tournesol donne vie à tout un petit monde de pantins en papier mâché ; là l'enfant Moussa sur les bancs de l'école illustre l'événement qui décida du projet de sa vie : "Quand je serai grand, j'habiterai dans un château" dit la marionnette. Ici une scène montre la vie d'une famille autour des noix à casser et du chanvres à filer, là un chien qui aboie, une vache qui meugle et plus loin des enfants qui font la ronde ; un vrai monde enchanté ! La féerie, quant-à elle, c'est à Baalbek et surtout à Zhalé que nous la trouverons.

Les pierres de la grandeur passée.

Nous sommes logés depuis hier sous les tentes du camp qu'organise chaque année l'Association présidée par Nawaf KABBARA. Une centaine de jeunes se regroupe ainsi tous les étés dans la montagne pour quelques semaines, sous les arbres et dans la fraîcheur de l'altitude ils partagent là diverses activités de formation et d'échanges tournées vers la paix et la reconstruction. Non confessionnels ces regroupements ont les airs du scoutisme de mes 15 ans, les jeunes nettoient la forêt alentour, partagent et organisent les tâches de la vie collective et discutent longuement autour du feu ; à la différence qu'ici ce sont des engins explosifs qui jonchent souvent les fourrés, que les personnes handicapées motrices sensorielles ou mentales sont associées activement à la vie collective, et que les discussions et les chants du soir parlent d'engagement civil, de tolérance et d'espérance. C'est de ce chantier pour l'avenir que nous partons découvrir les vestiges du passé, nous avons rendez vous avec les temples monumentaux de l'architecture romaine et avec des villes phéniciennes enveloppées du silence des siècles.

D'immenses effigies de Molhas iraniens marquent la route qui mène à Baalbek, les villages de la plaine de la Beeka paraissent beaucoup plus pauvres que ceux de la montagne et de la côte ; un terrain de prédilection pour l'intégrisme et le refuge des mouvements extrémistes les plus durs. Isam stationne le break à deux pas de l'entrée du site de l'acropole, l'endroit est animé et de nombreux touristes se fraient un passage au milieu des vendeurs

à la sauvette. Dés l'entrée, le temple de Jupiter expose sa démesure au visiteur ébahi. Les colonnes de cet édifice sont si imposantes et les frontons si haut placés qu'il est impossible de ne pas croire que les dieux ont habité ces lieux, j'arrive à peine à distinguer Isam portant Luc sur son dos au milieu de la montagne de marche qui me fait face ! Du temple de Bacchus au temple de Vénus, le gigantisme du décor donne le vertige. Sur le côté de la cour des sacrifices, de nombreuses niches cachent de vastes et fraîches alcôves qui se prêtent au repos. Assoupi à l'ombre de la pierre, l'on peut encore y entendre l'eau ruisseler de la fontaine proche, y deviner les amoureux qui venaient s'y embrasser ou imaginer les intrigues qui ont pu s'y jouer. L'adoration du soleil qui planait ici se dévoile à nos yeux au crépuscule, quand la lumière rougeoyante de l'astre sacré éclabousse le site de ses rayons de feu et que se dessine ici et là de mystérieuses figures d'ombres et de lumière dont la géométrie cache peut être encore quelques savoirs perdus. Nous sommes si émerveillés par tant de grandeur et si occupés à découvrir ce labyrinthe de pierres et de marches, que les disques vertébraux de certains de nos amis valides supporteront mal les efforts du lever de paraplégique. C'est pourtant un exercice dont le chameau à touriste de l'entrée s'est, lui, fort bien accommodé ; il m'a tant secoué en montée autant qu'en descente que j'ai cru être transformé en Orangina et perdre le sandwich que je venais d'avaler !

La visite de l'ancienne citée phénicienne de Zahlé nous emmène, elle, loin du bruit et de l'agitation des villes d'aujourd'hui. Le village qui se trouve à proximité est pratiquement désert, la chaleur est déjà lourde en cette fin de matinée et nous accueillons avec joie l'ombre des arbres qui entourent cette antique citée. Parfaitement abandonnés et fermés au public, ces lieux ne sont plus hantés que par un vieux guide qui nous explique avec intérêt comment il participa aux premières fouilles et contribua à remettre à jour ce joyau discret de l'art phénicien. Organisé autour d'un petit temple qui semble dédié à la beauté du site, les sous bassement de ces anciennes demeures dessinent un réseau de places et de ruelles suivant un tracé si harmonieux et les vestiges du jardin qui surplombe le temple respectent un tel équilibre des proportions, que l'ensemble inspire la grâce et invite à la paix et à l'abandon de soi. Au milieu d'une nature qui du inspirer le dessinateur du Paradis, trois colonnes de marbre bleu se découpent du ciel et semblent attendre la venue d'une déesse qui se fait attendre, l'air vibre, le temps suspend son cours, et le partage de cet instant imprime des moments d'émotions qui resteront pour toujours gravés dans ma mémoire des instants rares.

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